Tous les experts de la question sont unanimes : le besoin en  main-d’œuvre a explosé dans le secteur du numérique. Des dizaines de milliers de postes sont vacants, alors pourquoi ne pas former des détenus à les occuper à leur sortie de prison ?     C’est l’idée de Brieuc Le Bars. Cet habitant     d’Ille-et-Vilaine,     âgé de 27 ans, diplômé de Centrale Paris, a fondé     CodePhenix, une association qui mise sur « la     réinsertion par le code ».

Six mois d’apprentissage

Quatre jours par semaine, durant toute la  matinée, Brieuc Le Bars dispense des formations au centre de     détention de Melun (Seine-et-Marne). Des prisonniers qu’il a pu  sélectionner : « J’ai fait passer vingt et un     entretiens et pris ceux qui avaient le niveau B2i et étaient prêts  à travailler collectivement. »

Depuis janvier 2019, ils sont huit à suivre  un programme dense : « Il y a 520 heures de  formations aux différents langages informatiques : CSS,  JavaScript, HTML. » Une première étape qui dure six  mois, ensuite les « apprenants » intègrent l’agence web de l’association dans laquelle ils évolueront jusqu’à la fin de leur peine.

Les détenus travaillent pour des entreprises

C’est l’étape de la professionnalisation.  Les détenus travaillent sur « de vraies prestations »  pour des entreprises extérieures. Plusieurs start-up ont déjà  fait appel aux détenus. À ce stade, l’association les rémunère :     « Pour l’instant, on ne peut les payer que 45 %  du Smic, on espère plus bientôt. »

Un dernier axe du programme consiste en « un  accompagnement personnalisé vers un retour à  l'emploi" L’association les aide  dans l’élaboration de leur CV et les met en relations avec des  professionnels du numérique. Une deuxième promotion doit voir le  jour à la fin de l’année.   

Développer les cours dans d’autres prisons

CodePhenix souhaite se développer. Une nouvelle promotion doit voir le jour en janvier 2021 et Brieuc Le Bars  veut essaimer le programme dans plusieurs prisons du pays. Un projet  qui s’inspire de The Last Mile, une association américaine de  réinsertion, et Code 7370, sa classe de programmation considérée  comme un succès outre-Atlantique : le taux de récidive des détenus qui y sont passés est de 0 % selon l’association.  En France, c’est 63 % des détenus condamnés à de la prison  ferme qui retournent derrière les barreaux (1).

(1) Annie Kensey, Abdelmalik Benaouda,     Les risques de récidive des sortants de prison. Une     nouvelle évaluation, Cahiers d’Études Pénitentiaires et     Criminologiques, 2 011.